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La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
30 décembre 2017

Voleurs (Christopher Cook, 2000/2002)

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   « Eddie et Ray Bob roulent vers le sud, sans destination particulière. Deux potes qui se promènent tranquillement par une belle journée ? Pas vraiment. Quand Eddie veut acheter des cigarettes dans un drugstore, il dégaine son revolver. Tout droit sortis de l'univers des frères Coen, Eddie et Ray Bob vont accumuler les meurtres, ce qui ne les empêche pas de philosopher sur l'état du monde. Leur route va bientôt croiser celle de Della, une femme tout aussi redoutable qu'eux, dont l'apparition ne tarde pas à semer la zizanie entre les deux compères. »

     Encore une histoire de vols. Mais cette fois, pas tout à fait dans la même catégorie que la Petite voleuse de la chronique précédente, cette héroïne à laquelle, pour s’offrir une dose d’adrénaline, il suffisait de subtiliser de temps à autre un journal dans un magasin. Ici les malfrats en question sont « légèrement » plus dangereux, n’hésitant pas à flinguer les passants qui ont le malheur de croiser leur route. L’Américain Christopher Cook livre avec Voleurs un roman qui ne ressemble à aucun autre. Tout juste peut-on lui trouver de vagues similitudes avec quelques œuvres cinématographiques. La quatrième de couverture mentionne les frères Coen, et on peut également penser, si l’on se réfère à ce duo de truands qui dissertent sur la vie entre deux fusillades, à Pulp Fiction, d’ailleurs évoqué en fin de récit. En tant que roman, Voleurs semble en tout cas unique en son genre. Il m’est d’ailleurs très difficile de le commenter, sachant que la deuxième lecture (et il y en aura une !) me permettra d’en appréhender toutes les subtilités, mais aussi de mieux surmonter ses difficultés.

     Car ce roman ne se laisse pas apprivoiser si facilement. Il a ses mécanismes de défense, le bougre ! Prenez les dialogues : visuellement, ils ne se distinguent pas du reste du texte, les traits de dialogues ayant été bannis. Si bien qu’il arrive que l’on ne sache plus si l’on se trouve dans un dialogue ou dans un paragraphe de narration. Parlons du texte lui-même : cherchez donc les traits d’union dans le roman. Vous n’en trouvez pas ? Normal : « La typographie adoptée ainsi que la présence de néologismes sont conformes au texte d’origine et aux souhaits exprimés par l’auteur », nous informe le traducteur dans sa note précédant le récit. Attendez-vous donc à quelques fantaisies à la lecture du texte ! Et enfin, les personnages. Naïvement, après lecture de la « quatrième », je m’attendais à ce qu’ils ne soient que  trois : nos deux fous de la gâchette et Della, la jeune fugitive qui vient se joindre à ce duo de choc. En fait, il y en a bien plus que cela : le récit se présentant sous la forme d’une traque, on y croise également un Ranger alcoolique, un shérif, religieux fondamentaliste, qui cherche à venger sa femme, ajoutés à quelques autres représentants de l’ordre, sans parler des proches desdits personnages (comme Moline, que j’ai mis un temps fou à situer, ou encore Dana – la femme du Ranger – que l’on tentera de ne pas confondre avec Della !). Bref, j’admets que je m’y suis parfois un peu perdu.

     Mais les qualités du roman sont si imposantes que l’on pardonne aisément ses petites imperfections. Nos deux personnages principaux sont très bien campés : Ray Bob se montre au fur et à mesure de la lecture de plus en plus effrayant, mais aussi intelligent, multipliant les réflexions qui font mouche. Son compère Eddie, complexe et ambigu, se révèle plus sensible. Ces deux-là se complètent parfaitement. Malgré leurs méfaits et leurs (très) mauvais côtés, on ne parvient pas à les détester. Je dirais même plus : on s’y attacherait presque !  En revanche, j’ai moins accroché au personnage de Della, moins mémorable à mes yeux. L’auteur serait-il plus à l’aise avec les personnages masculins ? Pour en revenir aux qualités, j’ai en outre apprécié les dialogues percutants, le rythme globalement maîtrisé, l’improbable méli-mélo de passages dramatiques, ultra-violents et humoristiques, tout cela additionné aux descriptions immersives des contrées visitées par nos « héros ». Et en guise de cerise sur le gâteau, un zeste de blues qui ravira sans nul doute les amateurs. En conclusion, un roman différent, original, novateur, et avant tout diablement captivant. Le lecteur lui reprochera peut-être (à moins que ce ne soit un point fort ?) de le laisser sur sa faim sur certains points, pas vraiment élucidés en fin de roman, un peu à l’image de la fameuse valise de Pulp Fiction. Mais qu’importe, ce texte est d’une telle richesse… Vivement la deuxième lecture !

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Commentaires
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
  • Bonjour, ce blog littéraire traite de mes lectures préférées mais aussi des romans que j'ai moins appréciés. Pour l'anecdote, il s'agit de la version modernisée de mon ancien blog (http://leblogdenico.space-blogs.com). Bonne lecture à vous !
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