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La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
29 décembre 2017

Martin Eden (Jack London, 1909/1926)

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   « Le plus romanesque des romans de London et le plus autobiographique aussi. Enfin, pour la plupart des lecteurs d’aujourd’hui, son chef-d’œuvre. Martin Eden, écrivain né dans les bas-fonds, tombe amoureux d’une bourgeoise, et pense tenir sa revanche sur la vie en partant à la conquête du succès. Dure sera la chute… De qui raconte-t-on ici l’histoire : de Martin, de Jack ?… Cette ambiguïté ne fait qu’accroître encore l’étrange fascination que ce texte n’a cessé d’exercer, depuis l’origine, sur des millions de lecteurs. »

     Martin Eden. Une œuvre majeure d’un auteur majeur. Difficile, donc, de chroniquer un tel  roman. Surtout que, autant l’annoncer tout de suite, celui-ci ne m’a pas totalement convaincu. Pourtant pas de doute, ce texte de Jack London publié en 1909 possède des qualités indéniables. D’abord c’est un roman sur l’écriture, sujet fascinant par excellence pour tout amateur de lecture. Les réflexions pullulent, sur l’écriture donc, mais aussi sur l’art de façon plus générale. En parlant d’écriture, la plume de l’auteur est pour ne rien gâcher riche et agréable : un vrai plaisir de lecture. La longue période de vache (très) maigre du héros, qui voit celui-ci trimer pour faire publier ses textes, est en outre particulièrement bien rendue – l’auteur égratigne au passage les mondes de l’édition et de la presse, (sur)peuplés d’escrocs –, tout comme sa subite consécration. Fulgurante même, et par conséquent perturbante : le héros voit tous ceux qui naguère lui tournaient le dos lui manger dans la main du jour au lendemain. « Je suis pourtant le même qu’auparavant », (se) répète-t-il à de nombreuses reprises, dubitatif et même mal à l’aise devant la volte-face du monde entier à son égard. Réaliser son rêve rend-il forcément heureux ? Le récit semble répondre par la négative. J’ai également apprécié le contraste saisissant entre le monde du prolétariat et celui de la bourgeoisie. Jack London se montre là aussi pessimiste à ce sujet : à la lecture du roman, les deux univers ne peuvent se comprendre. Et le monde de la bourgeoisie, que Martin idéalise dans un premier temps, se révèle mesquin et superficiel, à sa grande déception.

     Mais le texte comporte également des défauts. Ce n’en est pas un à proprement parler, mais je déplore quelque peu que Martin se mette à la littérature pour l’amour d’une femme. J’aurais préféré qu’il s’agisse d’une fin en soi. Sans doute Martin finit-il par se prendre au jeu, mais le doute reste néanmoins permis. À l’arrivée, on ne sait plus vraiment ce qui pousse Martin à s’obstiner, contre vents et marées, à percer dans le monde des lettres : est-ce son amour pour Ruth ? Celui, venu petit à petit, des mots et des idées ? Une quête de gloire ? Son orgueil démesuré ? Ou encore une volonté de triompher du déterminisme social ? Par ailleurs, le choix de la voie littéraire et intellectuelle pour bien se faire voir de Ruth est assez contestable, puisque celle-ci ne semble pas tellement sensible à ce domaine. Ce n’est pas non plus la solution idoine pour s’attirer les faveurs de sa belle-famille, qui préfère de loin les hommes aux situations sûres et terre à terre aux artistes bohèmes. J’ai en outre été un peu lassé par les nombreuses – et complexes – joutes intellectuelles qui inondent le récit. De même, si le personnage de Martin Eden s’avère complexe et intéressant, à défaut d’être vraiment attachant – en raison notamment d’un côté excessif parfois agaçant –, celui de Ruth est fade au possible. Vu le peu de saveur de sa personnalité, on se demande bien ce qui fascine tant Martin chez elle ! Et surtout, il m’a manqué quelque chose dans cette histoire. Une… « histoire », justement. Il ne se passe finalement pas grand-chose dans ce récit. L’intrigue est assez linéaire, pour ne pas dire basique. L’essentiel est ailleurs, me rétorquera-t-on peut-être. Mais je suis resté pour ma part sur ma faim. Je ne vois dans ce texte que des scènes « de second plan », de celles qui permettent de donner du corps à une « vraie » intrigue principale, inexistante ici, donc. J’ai ainsi eu un sentiment de vide à ce niveau, mais aussi de redondance, de nombreuses scènes s’avérant assez répétitives. Je ne comprends d’ailleurs pas comment l’éditeur (Phébus) peut parler de cette œuvre comme du roman le plus « romanesque » de l’auteur. Il faut croire que nous n’avons pas la même définition de ce terme ! Et si le récit est en revanche bien plus riche sur le plan spirituel, il nécessite probablement une deuxième voire une troisième lecture. Aurai-je cependant le courage ou même l’envie de m’y replonger ? Pas sûr… Bref, Martin Eden est un roman dont j’ai réellement apprécié certains aspects, mais qui sera passé assez loin du coup de cœur.

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Commentaires
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
  • Bonjour, ce blog littéraire traite de mes lectures préférées mais aussi des romans que j'ai moins appréciés. Pour l'anecdote, il s'agit de la version modernisée de mon ancien blog (http://leblogdenico.space-blogs.com). Bonne lecture à vous !
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