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La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
26 décembre 2017

Le Chien de Minuit (Serge Brussolo, 1994)

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      Le Chien de Minuit, de Serge Brussolo, se déroule à Los Angeles. David, ancien professeur de lettres, et écrivain depuis peu, se retrouve dans la rue à la suite d'un conflit avec son éditeur. Il décide, avec son ami Ziggy, de fuir la violence des rues en trouvant refuge sur les toits des gratte-ciel de la ville. Cela permettra par la même occasion à Ziggy de réaliser le sombre projet qui lui trotte dans la tête…  Mais un clan occupe déjà les lieux : si les deux hommes veulent l’intégrer, il leur faudra supprimer le Chien de Minuit, l’impitoyable gardien du 1224 Horton Street, seul immeuble de L.A. dont le toit résiste encore et toujours à l’envahisseur. La partie sera serrée pour nos deux héros car Dogstone, alias Le Chien de Minuit, est un ancien combattant du Vietnam, qui n’hésite pas à jeter dans le vide les intrus qui s’aventurent sur son territoire…

     On retrouve dans ce court roman (moins de 200 pages) toutes les caractéristiques de l’univers de l’auteur : une intrigue originale, de la violence et des personnages « brussoliens »… L’alter ego de Brussolo, par exemple, qui se trouve être David : le héros a une imagination extraordinaire et un talent de conteur impressionnant (de façon orale, contrairement à l’écrivain). Mais Brussolo excelle avant tout dans la description de personnages marginalisés, souvent attardés, en proie à des fantasmes nourris par des films ou des bandes dessinées. Le personnage de Ziggy, l’ancien surfeur qui a perdu une partie de sa raison, est à ce titre particulièrement réussi : on savoure chacune des apparitions de ce casse-cou complètement fêlé, dont la folie repose paradoxalement sur une rationalité implacable.

      Malgré quelques longueurs, ce roman très original captive le plus souvent. Il égratigne le milieu de l’édition en mettant au jour ses dérives, et dénonce les inégalités, la violence et la superficialité (via les « yuppies », qui occupent l’immeuble gardé par le Chien de Minuit) de la société américaine. Plusieurs scènes marquent l’esprit, comme la première, narrant l’ascension de Bambata jusqu’au toit, avant de se faire éjecter par le gardien, ou encore celle où l’on voit Ziggy grimper jusqu’à un appartement pour le visiter à sa façon (le point de vue est celui de David, qui, resté sur le toit, y assiste avec le recul d’un spectateur au cinéma). Cependant, ce roman laisse des sentiments contradictoires : malgré sa lenteur, Le Chien de Minuit ne va pas totalement au fond des choses, et donne l’impression de partir un peu dans toutes les directions, bref de ne pas avoir de vrai fil conducteur. Le roman laisse ainsi un goût d’inachevé : avec une idée de base aussi fascinante, il aurait pu être un chef-d’œuvre. Son immense potentiel n’est pas totalement exploité : les membres du clan, et plus généralement la vie sur les toits, auraient par exemple pu être davantage développés. C’est dommage, mais cela reste tout de même une excellente lecture, originale, savoureuse, et prenante – notamment la seconde moitié, où le suspense est habilement entretenu –, qui mérite son Prix du Roman d’aventures reçu en 1994.

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Commentaires
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
  • Bonjour, ce blog littéraire traite de mes lectures préférées mais aussi des romans que j'ai moins appréciés. Pour l'anecdote, il s'agit de la version modernisée de mon ancien blog (http://leblogdenico.space-blogs.com). Bonne lecture à vous !
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