Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
30 décembre 2017

Les ombres du jardin (Serge Brussolo, 1996)

Résultat de recherche d'images pour "les ombres du jardin brussolo"

      Les ombres du jardin, de Serge Brussolo, se déroule en France, à la fin des années cinquante. Martine, treize ans, vit à Paris avec sa mère, jeune femme de 28 ans, et auteure de romans à l’eau de rose. Un jour, un homme bouleverse le quotidien de nos deux héroïnes : il se prétend le père de Martine, et veut la confisquer à sa mère. Dans le même temps, quelqu’un vitriole plusieurs jeunes femmes ressemblant étrangement à Jeanne… Ce roman peut se diviser en trois parties. Dans la première, Brussolo plante le décor et installe les personnages. L’époque est particulièrement bien évoquée : le communisme, la guerre d’Algérie, et même la Seconde Guerre mondiale, qui hante encore tous les esprits. Jeanne, la mère, est au cœur de cette première partie : Brussolo fait usage de flash-backs pour entrer dans le passé de la jeune femme, et traite du métier d’écrivain – une constante dans l’œuvre de l’auteur – en mêlant passages autobiographiques et critique acerbe du métier d’éditeur. Cette partie n’est dans l’absolu pas indispensable – puisqu’il ne s’y passe finalement pas grand-chose –, mais n’en demeure pas moins extrêmement agréable à lire, grâce à la virtuosité de l’auteur sur le plan narratif, et à son style, à la fois fluide, délicat et fichtrement efficace.

   La deuxième partie débute avec la fuite de nos deux héroïnes. L’auteur fait ici parler son imagination débordante. Cela peut parfois sembler manquer de structure ou de cohésion, mais il reste que l’on suit avec grand plaisir le périple de Jeanne et plus encore Martine (cette partie est davantage centrée sur la fillette, conférant au texte, pour employer un terme universitaire, des allures de « parcours initiatique »), sans que l’auteur ait besoin de multiplier les coups de théâtre ni d’instaurer un suspense haletant. Le rythme du roman, jusqu’ici assez lent, s’accélère nettement avec la troisième et dernière partie, qui se révèle assez paradoxalement la moins aboutie : l’auteur enchaîne les rebondissements sur l’identité du coupable. Ce procédé un peu lourd (quand on apprend l’identité du coupable à 100 pages de la fin, il y a fort à parier qu’il ne s’agit pas du bon) est également lassant, puisque Brussolo l'emploie systématiquement dans ses romans d’énigme, ce qui devient à la longue franchement répétitif. Cette dernière partie mi-figue mi-raisin reste cependant relativement agréable, et n’empêche pas le roman d’être d’excellente facture. Il est d'ailleurs dommage que Les ombres du jardin, paru en 1996, soit l’un de ces nombreux bons Brussolo à être passés totalement inaperçus. Peut-être est-ce dû au fait que, comme il est dit dans le texte, « dans le milieu littéraire, on n’aime pas beaucoup les imaginatifs »…

Un passage autobiographique :

   « Le professeur de français l’avait accusée d’avoir copié sa rédaction dans un livre. C’était faux, la fillette possédait un don réel pour la narration et une sûreté d’écriture très précoce qui lui avaient valu de fréquents déboires au cours de sa scolarité […] À plusieurs reprises, on l’avait sommée, pour la prendre en flagrant délit de mensonge, de rédiger un texte sous surveillance […] Elle avait à chaque fois triomphé de l’épreuve, ridiculisant le prof qui, dès lors, lui en avait voulu “à mort” et s’était appliqué à lui en faire baver tout au long de l’année scolaire. »

Publicité
Commentaires
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
  • Bonjour, ce blog littéraire traite de mes lectures préférées mais aussi des romans que j'ai moins appréciés. Pour l'anecdote, il s'agit de la version modernisée de mon ancien blog (http://leblogdenico.space-blogs.com). Bonne lecture à vous !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 5 380
Newsletter
Publicité