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La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
26 décembre 2017

Tonton Clarinette (Nick Stone, 2006/2008)

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     Tonton Clarinette est un thriller écrit par le Britannique – d’origine haïtienne – Nick Stone. Ne vous fiez pas à la légèreté du titre, ce premier roman est une plongée vertigineuse dans l’enfer haïtien des années 90. Le privé américain Max Mingus est chargé de retrouver un enfant haïtien disparu depuis plusieurs années. Son enquête l’amène à découvrir un pays où les inégalités, l’insécurité et la pauvreté sont extrêmes, où les bidonvilles sont immenses et d’une très rare insalubrité, et où la frontière entre bien et mal est bien plus ténue qu’ailleurs… Un pays où 90 % des habitants sont analphabètes, et « 98 % de la population en est encore à faire du feu en frottant deux morceaux de bois ». On en apprend beaucoup sur la situation du pays donc, grâce à ses descriptions saisissantes (les bidonvilles, les bars et ruelles de Port-au-Prince), sur la culture locale, où vaudou, voyance et magie noire occupent une place conséquente, mais aussi sur l’histoire du pays. Notamment les dictatures qui se sont succédé, en particulier « Papa Doc », « tyran le plus craint et le plus honni de l’histoire du pays » qui a régné dans les années 50 et 60, ou encore l’invasion américaine dans les années 90, opération de propagande préélectorale de Clinton, lequel avait besoin d’un « coup d’éclat » pour gagner de la popularité, et qui ne sort pas vraiment grandi de ce roman…

    Le principal problème des polars « exotiques », c’est qu’ils se concentrent parfois davantage sur la description du pays en question que sur l’intrigue policière proprement dite : c’était plus ou moins le cas avec Tueur d’Aborigènes (Australie) et L’homme qui exauce les vœux (Inde), aux enquêtes un peu légères. Voici donc l’autre point fort de Tonton Clarinette : s’il se révèle un roman très instructif, il n’en demeure pas moins un excellent thriller. Tous les ingrédients sont au rendez-vous. Certains personnages sont très attachants, comme Max, le héros, récent veuf qui sort de plusieurs années de prison, quand d’autres sont troubles et fascinants, en particulier Vincent Paul, chef des bidonvilles et par conséquent maître d’Haïti. Le rythme est également très bon (si l’on excepte un début un peu longuet), ponctué de fausses pistes et de rebondissements. Mais c’est surtout le style qui impressionne, dont l’exceptionnelle fluidité rappelle Vice de forme (Lashner) et Les soldats de l’aube (D. Meyer). Des références ! Cette plume très agréable fait que l’on dévore, avec bonheur, ce pavé de plus de 650 pages. Excellent roman que ce Tonton Clarinette, autant par sa dimension « exotique » et instructive que par la construction de son intrigue, parfaitement maîtrisée. Et il ne s’agit que d’un premier roman… Vivement une nouvelle enquête du privé Max Mingus !

     N.B. : le début n’est décidément pas la meilleure partie du roman. Comme je l’ai dit, la mise en place est un peu lente et, pour ne rien arranger, le style n’y est pas non plus, en particulier au cours du passage qui se déroule en prison. À se demander s’il s’agit du même auteur ! L’écrivain, sans doute pour adopter le langage employé dans le milieu carcéral, utilise une langue négligée et argotique, qui agace assez vite. Passé cette partie peu encourageante mais heureusement assez courte, l’écrivain se met à écrire normalement. Et là…

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Commentaires
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
  • Bonjour, ce blog littéraire traite de mes lectures préférées mais aussi des romans que j'ai moins appréciés. Pour l'anecdote, il s'agit de la version modernisée de mon ancien blog (http://leblogdenico.space-blogs.com). Bonne lecture à vous !
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