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La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
26 décembre 2017

Cosmétique de l'ennemi (Amélie Nothomb, 2001)

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     Cosmétique de l’ennemi est l’œuvre idéale pour entrer dans l’univers si particulier d’Amélie Nothomb. Ce court roman (à peine plus de 100 pages, avec de gros caractères) se déroule dans le hall d’un aéroport. Le héros, Jérôme Angust, n’a décidément pas de chance : son avion a plusieurs heures de retard, et un curieux homme nommé Textor Texel le harcèle… Cosmétique de l’ennemi a plusieurs points communs avec Hygiène de l’assassin, le premier roman d’Amélie : il est presque uniquement dialogué, mêle avec brio humour et glauque, et oppose un personnage provocateur et choquant (Prétextat Tach dans Hygiène, Texel dans Cosmétique) et un autre, plus « classique », qui lui donne la réplique sur un ton ironique. À ce titre, cet extrait représente bien l’ensemble de ce long et percutant dialogue : 

« - Ce n’est que le premier mort qui compte. C’est l’un des problèmes de la culpabilité en cas d’assassinat : elle n’est pas additionnelle. Il n’est pas considéré comme plus grave d’avoir tué cent personnes que d’en avoir tué une seule. Du coup, quand on en a tué une, on ne voit pas pourquoi on se priverait d’en tuer cent.

  - C’est vrai, pourquoi limiter ces petits plaisirs de l’existence ? »

     Cosmétique est une leçon de dialogue, donc, mais aussi de construction et de rythme : ce fascinant roman captive le lecteur de bout en bout, sans aucun temps mort, grâce aux nombreuses révélations qui ne manquent pas de le bluffer. On y trouve aussi des ingrédients chers à l’auteure, comme le patronyme extravagant (Textor Texel), un peu de philo (« niveau bac », certes) et sa conception du physique comme un fardeau (idée que l’on peut retrouver dans Hygiène, Attentat et Mercure, pour ne citer que quelques-uns de ses romans). L’extrait suivant illustre bien ce thème, l’un des plus récurrents de son œuvre :

« Vous ne comprenez sûrement pas ce qu’on ressent quand on est rejeté par le visage de sa vie […] Vous ne savez pas ce que c’est, d’avoir si soif et de ne pas avoir le droit de boire, quand l’eau est sous vos yeux, belle, salvatrice, à portée de vos lèvres. L’eau se refuse, à vous qui venez de traverser le désert, pour ce motif incongru que vous n’êtes pas à son goût. »

     Ajoutons des considérations pertinentes sur la « vraie » lecture, les « faux » voyages, ainsi que des passages irrésistibles sur la saveur des… hot dogs, et le résultat est garanti : le lecteur est scotché comme rarement – comme jamais ? Bien la preuve qu’il n’est pas besoin de « tartiner » pour réaliser un excellent roman. Le seul critère qui importe est le talent. Et quand il s’agit de dialogue et d’originalité, la romancière belge a son mot à dire…

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Commentaires
La lecture de Nico : coups de cœur (et de griffes) livresques
  • Bonjour, ce blog littéraire traite de mes lectures préférées mais aussi des romans que j'ai moins appréciés. Pour l'anecdote, il s'agit de la version modernisée de mon ancien blog (http://leblogdenico.space-blogs.com). Bonne lecture à vous !
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